finances du Bourbonnais, et de Marguerite-Louise
de Chources.
Ce qu’une vie aussi variée et aussi agitée que la sienne a dû lui faire éprouver d’émotions vives et profondes, n’avait point, affaibli en lui le souvenir, toujours si doux, des impressions de l’enfance. A l’âge de soixante-huit ans, il s’est plu à rassembler les particularités de cette époque de sa vie, dans un écrit fait uniquement pour madame de la Condamine ; il y entre dans les plus petits détails, bien sur que rien de ce qui l’avait intéressé ne pouvait paraître ni indifférent, ni trop petit à celle pour qui ce récit était destiné.
La pratique de l’éducation ferait peut-être des progrès que nous n’osons espérer, si chaque homme, en état de faire de pareilles observations, donnait, comme M. de la Condamine, un détail des effets de l’éducation sur son âme, neuve encore et ouverte à toutes les impressions.
Le jeune de la Condamine fut mis d’abord dans une pension, où on lui fit apprendre par cœur le rudiment et les fables de la Fontaine : mais il n’entendait guère plus ces fables que son rudiment ; et lorsqu’il vint à se les rappeler dans la suite, il fut tout étonné de trouver qu’elles avaient un sens. L’éducation s’est longtemps bornée à enseigner aux enfants ce qu’ils ne pouvaient comprendre, et il semblait qu’un génie malfaisant en eût formé le plan pour éterniser l’enfance de l’espèce humaine.
De sa pension, M. de la Condamine passa au collège de Louis le Grand. Le P. Porée fut un de ses