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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/18

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VI
AVERTISSEMENT.


caractère, encore plus que par son esprit. Cependant, lorsque M. le régent lui parla de ce projet : « Monseigneur, répondit-il, ne m’ôtez pas la douceur de vivre avec mes égaux. »

Cette réponse noble et touchante est bien digne d’un philosophe, qui, dans une si longue vie, a montré constamment un esprit sage et une âme élevée [1]. Newton a été président de la société royale, dans un temps, il est vrai, où elle n’était composée que de ses disciples. Leibnitz a accepté le titre de chef perpétuel de l’Académie de Berlin, qu’il avait fondée. Nous avons vu un sage plus généreux, refuser cette même place, et dédaigner dans les sociétés littéraires toute autre supériorité que celle de son génie.

Par le règlement de 1699, le secrétaire doit faire les éloges des académiciens morts. M. de Fontenelle les a faits jusqu’en 1740. Ce recueil est un des livres qu’on relit le plus ; et on ne le relit jamais sans y découvrir de nouveaux charmes, et sans admirer ce talent si rare d’être clair dans les choses les plus difficiles ; de dire

  1. On n’a à lui reprocher que de mauvais vers sur la révocation de l’édit do Nantes, et les louanges qu’il prodigue à l’abbé Bignon.