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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/22

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ÉLOGE DE LA CHAMBRE.

Le cardinal de Richelieu lui donna une place dans l’Académie française, lors de son établissement en 1635, et le chargea, en 1640, de répondre au livre de Hersant, en faveur des prétentions de la cour de Rome. Ce livre fut regardé en France comme séditieux, et l’on ordonna des recherches contre l’auteur, qui chercha un asile auprès de ceux dont il avait défendu la cause ; mais à Rome même il fut poursuivi par l’inquisition, comme janséniste, et excommunié pour n’avoir point comparu. Des hommes, accoutumés à regarder comme un devoir le zèle qu’on montre pour leurs intérêts, se croient aisément dispensés de toute reconnaissance. Le choix que le cardinal fit de Cureau, pour répondre au livre de Hersant, prouve que cet académicien avait étudié des sciences bien éloignées de la physique. Il intitula son livre Philalethes, ami de la vérité ; comme si dans de pareilles matières il y avait d’autre vérité à chercher que le plus grand bien des nations !

Ses ouvrages de physique, dont on trouve la liste dans l’Histoire de l’Académie française, sont absolument oubliés, comme tous ceux qui ne contiennent ni faits nouveaux ni découvertes, et qui, ne représentant la nature qu’à travers les opinions du moment, périssent avec elles. Du moins ceux de Cureau sont-ils écrits en français, et d’un style moins inintelligible que celui des écoles ; ce qui était alors un mérite pour des livres de science. Mais aussi on y rencontre des traits de ce bel esprit bourgeois et pédantesque, qui infectait alors tous nos livres de prose, hors ceux de Descartes et de