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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/23

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ÉLOGE DE LA CHAMBRE.


Pascal, et qui marqua en France le passage de la barbarie au bon goût. On trouve, par exemple, dans la liste de ces ouvrages, une dissertation intitulée Nouvelles conjectures sur les causes de la lumière, du débordement du Nil, et de l'amour d’inclination. Au reste, un tel titre est moins ridicule que ces thèses sur l’amour, que le cardinal de Richelieu fit soutenir dans son palais, avec l’appareil et la forme des thèses de Sorbonne.

La Chambre avait entrepris un grand ouvrage : l’Art de connaitre les hommes. L’histoire naturelle de l’homme et celle de ses mœurs, la morale et la métaphysique, tout entrait dans son plan. On en a imprimé quelques parties, et entre autres l’ouvrage intitulé le Système de l’âme.

L’auteur y parle de l’extension de l’âme, de ses parties, de sa grandeur, de sa figure. Son extension est réelle, dit-il, comme celle des corps, et elle n’en diffère que parce qu’elle n’est pas impénétrable. Il croirait presque blasphémer, s’il ne lui supposait pas cette extension ; car alors elle serait sans limites, et immense comme Dieu. L’âme de l’homme est plus grande que celle de l'éléphant, de la baleine, et des plus grands arbres. Si elle est indivisible, ce n’est pas qu’elle soit simple, c’est que, comme les atomes, elle résiste à la division.

Ces étranges assertions [1] se trouvent dans un livre dédié à Louis XIV ; et non-seulement l’auteur ne fut point persécuté, mais il n’en eut pas moins la

  1. Expliquer pourquoi ces assertions ne parurent point impies.