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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/25

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ÉLOGE DE ROBERVAL.


ÉLOGE DE ROBERVAL [1].


GILLES PERSONNE naquit, en 1602, au village de Roberval, diocèse de Beauvais, et il a porté dans la suite le nom du lieu de sa naissance. Après s’être trouvé avec Descartes au siège de la Rochelle (siège qui, par la hardiesse et la nouveauté des moyens que Richelieu employa pour réduire cette place, offrait un spectacle digne de la curiosité des mathématiciens), Roberval vint à Paris en 1629, et fit connaissance avec le père Mersenne.

Nous ne parlerons point de ses travaux sur la physique [2]. Quoique né avec du génie, il ne pouvait avoir de succès dans ce genre de recherches. Pour y réussir alors, il ne suffisait pas de savoir appliquer le calcul à des principes démontrés, il fallait créer les principes mêmes ; ce qui exige non-seulement le talent de la géométrie, mais des qualités plus rares encore, et que Roberval était bien loin de posséder. Cependant on a de lui un ouvrage de physique systématique, intitulé Aristarque de Samos, que quelques érudits, trompés par le titre, crurent

  1. Sur ses expériences et sa querelle avec Torricelli, voir la Vie de Torricelli, par l’abbé Fabrini ; et sur ses démêlés avec Descartes, voir la Vie de Descartes, par Baillet.
  2. Roberval ayant fait exécuter une machine, elle ne produisit pas l’effet qu’il en attendait : étonné de son erreur, il regardait la machine avec colère : Voyez, dit Mariotte, M. de Roberval, qui dit des injures à la nature, parce quelle ne veut pas s’accorder avec les lois de sa géométrie.