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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/26

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ÉLOGE DE ROBERVAL.


de ce philosophe grec. Dans cet ouvrage, Roberval attribue à toutes les particules de la matière une attraction réciproque.

Cette idée sublime d’une gravitation universelle s’était donc présentée aux physiciens dans un temps antérieur à Newton ; plusieurs astronomes avaient même senti qu’en supposant une force qui attirerait les planètes vers un centre, et en la combinant avec une autre qui serait dans la direction de la tangente de leurs orbites, on pourrait expliquer leur mouvement ; mais il restait à savoir ce que ces forces devaient être, pour s’accorder avec les phénomènes dont Kepler avait deviné les lois. Ainsi Kepler avait trouvé, par l’observation, que les aires sont proportionnelles aux temps ; et Newton a prouvé que cette loi s’observe toutes les fois qu’un corps, lancé dans le vide avec une vitesse donnée, est attiré à chaque instant par un centre fixe. Kepler avait observé que l’orbite des planètes est une ellipse ; et Newton a prouvé qu’alors la force, dirigée vers le foyer, est en raison inverse du carré des distances. Enfin, Newton a démontré que les différentes planètes décrivent leurs orbites avec des forces telles, qu’à des distances égales du soleil, la force attractive de cet astre serait la même pour toutes les planètes, quelque différence qu’il y ait entre leurs masses ; et il en a conclu que la force d’attraction est, comme celle d’inertie, proportionnelle à la masse.

C’est uniquement à ces déterminations exactes et démontrées que Newton a dû sa gloire ; mais de simples vues, quelque grandes, quelque heureuses