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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/27

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ÉLOGE DE ROBERVAL.


qu’elles soient, ne peuvent, ni être mises sur la même ligne qu’une découverte précise et bien prononcée, ni diminuer le mérite de celle dont elles ont été le germe.

Roberval s’était fait une méthode géométrique pour déterminer les aires, les sur laces et les solides, et il l’avait employée avec succès pour résoudre plusieurs problèmes proposés par Fermat, bien avant que Cavalleri eût trouvé la méthode des indivisibles. Mais comme le géomètre français se plaisait à cacher ses méthodes, pour étonner davantage par des solutions de problèmes particuliers, inaccessibles aux méthodes connues, il eut le désagrément de voir paraître la méthode de Cavalleri avant d’avoir donné la sienne. On est souvent la dupe de ces petits stratagèmes qu’inspire l’amour de la réputation, qui n’est pas toujours l’amour de la gloire. Jamais celui-ci n’est contraire ni à l’intérêt général, ni au progrès des lumières.

La méthode de Roberval pour les tangentes, quoique fort ingénieuse, est très-inférieure à celles de Descartes et de Fermât. Elle considère chaque courbe comme étant décrite par un mouvement composé, et la position de la tangente dépend de la direction de ce mouvement à chaque point, et par conséquent du rapport qu’ont les deux mouvements qui le composent. On a voulu trouver dans cette méthode l’origine de celle des fluxions ; mais le mérite de Newton n’est pas d’avoir employé la considération du mouvement pour faire entendre sa méthode ; c’est d’avoir donné des formules pour exprimer les fluxions,