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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/29

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ÉLOGE DE ROBERVAL.


montrer combien on avait tort de faire tant de bruit pour des choses si faciles.

Ce ton de supériorité blessa d’autant plus Roberval, qu’il ne put jamais résoudre ce problème des tangentes, et qu’il eut le malheur d’en proposer successivement cinq ou six solutions, arrangées d’après celles de Descartes ou de Fermat, mais trop défectueuses ou trop maladroitement déguisées. Dès lors il fut l’ennemi déclaré de Descartes, et fit contre sa géométrie des objections telles, qu’on ne peut croire qu’un si habile géomètre les ait proposées de bonne foi. Ces objections ne portaient que sur quelques conséquences particulières de la méthode ; et quand leur auteur aurait eu raison sur tous les points, il aurait été encore inexcusable de chercher à déprimer un ouvrage qui devait faire une révolution dans l’analyse, comme le Discours sur la méthode en avait fait une dans la philosophie.

Roberval eut ensuite quelque avantage dans la recherche des centres de percussion. Descartes et lui donnaient leurs méthodes comme générales, et aucune des deux ne l’était absolument ; mais celle de Roberval s’étendait à des cas qui échappaient à celle de Descartes, et Roberval, en le surpassant, lui prouva qu’il méritait aussi d’être compté parmi les géomètres.

Il y a une classe de lignes courbes qu’on connaît encore sous le nom de lignes Robervalliennes ; et c’est Torricelli qui leur a donné ce nom, quoiqu’il eût à se plaindre de Roberval. Ces lignes sont formées par la rencontre des parallèles à l’axe d’une courbe me-