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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/33

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ÉLOGE DE FRENICLE.


vole, qu’on peut espérer de n’être jamais connu de ceux même avec qui on passe sa vie.

Frenicle ne cultiva que cette partie des mathématiques qui a pour objet les problèmes indéterminés sur les nombres. Ces questions, les seules de l’algèbre sur lesquelles les anciens nous aient laissé quelque ouvrage, sont moins inutiles qu’on ne le croit communément. Plusieurs questions importantes dans l’analyse des équations dépendent de transformations que les problèmes sur les nombres peuvent seuls enseigner à trouver ; et la méthode d’employer les substitutions pour réduire les quadratures aux fractions rationnelles, n’est précisément qu’une de ces questions indéterminées. D’ailleurs, les plus grands analystes, comme Fermât, M. Euler, M. de la Grange, se sont occupés de ces problèmes, qui ont un mérite bien précieux aux yeux des géomètres, celui d’être très-difficiles.

Dans tous les problèmes sur les nombres qui se proposaient alors, on voyait toujours une solution de Frenicle à côté de celles de Descartes et de Fermat, qui avouèrent souvent que celle de Frenicle était plus élégante. Ces deux grands hommes, trop injustes l’un à l’égard de l’autre, accordaient sans peine à Frenicle cette espèce de supériorité ; et, occupés à se disputer de grands objets, ils donnaient avec plaisir cette marque d’équité, qui ne coûtait rien à leur amour-propre. Frenicle soutint aussi l’honneur de la France, dans les défis que les mathématiciens anglais ou français se portaient alors réciproquement. Mais il cacha toujours les principes de la mé-