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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/36

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ÉLOGE DE L’ABBÉ PICARD.


Galilée venaient, pour ainsi dire, de découvrir un univers nouveau. Des théories plus vraies faisaient sentir ce qui manquait à la partie pratique des sciences, et donnaient des moyens de la rectifier ; tandis qu’une pratique plus exacte devenait elle-même nécessaire aux progrès de la théorie, l’abbé Picard fut un de ceux à qui les mathématiques pratiques eurent alors le plus d’obligation.

Un des éléments les plus essentiels de l’astronomie, la valeur exacte du diamètre de la terre, manquait à cette science ; il paraissait que, pour en déterminer la longueur, on n’avait besoin que de mesurer un degré de méridien. Cette mesure avait été tentée par Snellius et par Riccioli ; mais il y avait entre leurs résultats une différence de sept mille toises, et cette différence énorme aurait suffi pour faire soupçonner l’inexactitude de tous les deux, quand même on n’aurait pas connu celle de leurs opérations.

L’abbé Picard apporta pour les siennes des précautions inouïes jusqu’alors. D’abord il mesura astronomiquement la distance en latitude de Paris à Amiens. Il fallait ensuite mesurer cette distance sur la surface de la terre. En conséquence, après avoir pris sa base sur le grand chemin de Villejuif à Juvisi, et l’avoir exactement mesurée, il calcula une suite de triangles, dont chacun des angles avait pour sommet un point remarquable, et qui aboutissaient


    causées par l’aberration. Il y a peu de découvertes qui, avant d’être énoncées par le véritable inventeur, n’aient été, pour ainsi dire, pressenties par plusieurs hommes de génie.