Aller au contenu

Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
17
ÉLOGE DE L’ABBÉ PICARD.


enfin au clocher de la cathédrale d’Amiens. Les angles furent mesurés avec un quart de cercle de trois pieds de rayon, garni de deux lunettes, et on employa la toise du Châtelet de Paris. Lorsque, dans la suite, l’inégalité de ces degrés a été reconnue et qu’on a eu besoin de plus de précaution encore, pour démêler la loi de cette inégalité, d’habiles astronomes ont vérifié les mesures de l’abbé Picard, et y ont trouvé des erreurs. Mais, si l’on retranche de la différence des résultats ce qui vient de celle des toises employées dans les deux opérations, on trouvera que ces erreurs sont très-petites. D’ailleurs, c’est notre académicien qui le premier a fait sentir le prix de ces attentions scrupuleuses, et c’est de lui qu’on a appris à le surpasser.

Après avoir mesuré ce degré de méridien, l’abbé Picard fut employé à déterminer astronomiquement la position de plusieurs lieux importants de la côte occidentale de la France, et il trouva que la différence de leur longitude avec Paris était moins grande que les cartes ne le marquaient. Ces erreurs lui firent sentir la nécessité de dresser une carte toute nouvelle de la France entière. Pour y parvenir, il proposa de continuer jusqu’aux extrémités du royaume la ligne méridienne tracée à l’Observatoire, et de rapporter à cette ligne la longitude de tous les lieux principaux dont on déterminerait la latitude par des observations exactes ; ensuite ces mêmes points auraient formé les sommets des principaux angles d’une suite de triangles qui devaient embrasser toute la France, et donner la position de toutes ses villes.