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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/38

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ÉLOGE DE L’ABBÉ PICARD.


Un projet si utile et surtout si grand méritait d’être adopté par Colbert : il le fut ; la méridienne fut continuée. Les travaux, interrompus par la mort de ce ministre, ont été repris dans la suite. C’est à l’abbé Picard que nous avons la première obligation de la carte de la France, que MM. de Cassini ont poussée à une si grande perfection.

Les télescopes n’avaient servi, depuis leur découverte, qu’à mieux voir les corps célestes et à en découvrir de nouveaux. Il aurait été encore plus utile de savoir employer ces instruments à déterminer la position des astres, c’est-à-dire d’appliquer les télescopes au quart de cercle. En effet, les étoiles vues avec les télescopes sont débarrassées de leurs rayons ; les planètes y paraissent mieux terminées, et dès lors on peut déterminer plus exactement la position des fixes et le temps de leurs occultations ; mesurer avec plus de précision le diamètre des planètes ; connaître avec moins d’incertitude la grandeur et la durée d’une éclipse, l’instant précis où elle commence et celui où elle finit. Cette idée s’était présentée à Gascoigne, astronome anglais ; mais elle était oubliée. L’abbé Picard, qui l’a renouvelée, qui a rendu ces opérations commodes et sûres, et a fait adopter cette méthode aux astronomes, doit être regardé comme inventeur. La date de cette découverte est l’année 1667,

Nous ne voyons pas les astres dans la direction du rayon qui passe du corps céleste à l’œil de l’observateur, mais dans celle du rayon qui se brise en traversant l’atmosphère ; la réfraction varie avec