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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/39

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ÉLOGE DE L’ABBÉ PICARD.


la densité de l’air et le poids de l’atmosphère. Les anciens connaissaient cette réfraction et ses changements ; mais ce n’est que dans le siècle dernier qu’on se proposa de déterminer avec quelque exactitude, et la quantité réelle des réfractions aux différentes hauteurs, et les lois de leurs variations.

L’abbé Picard eut beaucoup de part aux travaux que les astronomes exécutèrent alors sur cet objet. On a de lui des tables de réfractions, et un grand nombre d’observations faites tant à Paris qu’à Uranibourg. Plusieurs observations avaient conduit à soupçonner qu’il s’était glissé des erreurs dans la longitude et même dans la latitude que Tycho-Brahé avait données à cette dernière vdle.

Ce monument, le plus grand qui ait jamais été élevé aux sciences, ne subsistait plus. Maître de l’île d’Huène, que Frédéric II, roi de Danemark, lui avait abandonnée, riche des bienfaits de ce prince et de son propre patrimoine, Tycho [1] y avait fait construire un magnifique observatoire qui dominait tout l’horizon ; un vaste édifice, consacré à des expériences dans toutes les parties des sciences naturelles, était près de l’observatoire. Tycho avait placé ses domestiques dans un bâtiment séparé, pour laisser tout entier aux sciences le temple qu’il leur avait consa-

  1. Tycho épousa une paysanne du village où il était né. Ce mariage le brouilla avec sa famille, et il fallut que Frédéric employât son autorité pour le réconcilier avec ses parents. Cette paysanne s’appelait Christine, et son nom est encore connu ; au lieu qu’on a parfaitement oublié et le nom des demoiselles qu’ont épousées les parents de Tycho, et même celui de ces parents.