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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/40

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ÉLOGE DE L’ABBÉ PICARD.


cré. Le reste de l’île était occupé par des cultivateurs qu’il avait appelés, et qui ne dépendaient que de lui ; car Frédéric avait couronné tous ses bienfaits par le don plus précieux encore d’une indépendance entière. Tycho passa vingt ans dans cette terre heureuse, attaché sans distraction à ses travaux astronomiques. Mais les médecins ne lui pardonnaient point d’oser guérir quelques maladies avec des remèdes chimiques qui leur étaient inconnus, et que Tycho, qui les avait préparés dans son laboratoire, distribuait gratuitement. Les courtisans n’avaient pu voir sans indignation qu’un homme qui, né pour la cour, l’avait dédaignée, se fût élevé par son seul génie à une considération qu’ils n’avaient pu obtenir par des bassesses. Tous le calomnièrent auprès de Christiern, successeur de Frédéric ; on lui ôta son lie, et il fut obligé d’aller chercher la paix auprès de l’empereur Rodolphe, celui des princes de sa maison qui paraît avoir le mieux senti l’avantage de gouverner des hommes éclairés. Tycho mourut dans son palais, laissant au nom de Brahé un éclat plus grand que celui de ses titres, et qui, lié à l’histoire de l’esprit humain, ne dépend point des vicissitudes des empires.

L’abbé Pircard alla, en 1671, visiter l’île Huène, et y chercher les restes d’Uranibourg. À peine en trouvât-il quelques vestiges : personne ne put lui fournir d’éclaircissements. Ce ne fut qu’à l’aide du plan que Tycho en avait donné qu’il put retrouver quelques positions. Il vit que l’erreur de la latitude était d’une minute, et celle de la longitude de plu-