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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/490

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ÉLOGE M. DE MAUREPAS.


rait les affaires avec lui, et assistait au travail. Successivement il fut chargé seul de quelques départements ; mais ce n’est qu’à l’année 1725, temps delà mort de son beau-père, qu’on doit marquer la véritable époque de son ministère, qui embrassa dès lors plusieurs grandes provinces, Paris, la cour et la marine : il n’avait que vingt-quatre ans.

Ce n’était plus le temps où, sous l’administration de Seignelai, la marine française était la rivale de celle de l’Angleterre, et souvent sa rivale heureuse. Nous sommes parvenus, de nos jours, à une égalité plus réelle et qui nous a coûté moins d’efforts : sans doute cette prospérité sera durable, mais alors elle ne put se soutenir. La France, affaiblie par ses victoires mêmes, avait été ensuite épuisée par de longs malheurs : la marine fut sacrifiée à la nécessité de défendre nos frontières contre des armées accoutumées à vaincre sous des chefs habiles et heureux ; et la bataille de Malaga, plutôt disputée que gagnée, en 1704, avait été le dernier effort des flottes françaises.

A la mort de Louis XIV, le système politique changea ; les princes qui gouvernèrent après lui crurent devoir chercher dans l’alliance de l’Angleterre et de la Hollande un appui contre Philippe V, qui s’était montré leur ennemi, et qui pouvait devenir leur rival : le cardinal de Fleury eut la même conduite par d’autres principes ; il faisait consister toute sa politique à détruire chez les nations de l’Europe cette jalousie contre la France, que Louis XIV avait trop excitée, et qui enfin lui coûta si cher ; il sentait que