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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/505

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ÉLOGE DE M. DE MAUREPAS.


objet non de véritables crimes, mais des vices dangereux dont l’éducation seule peut préserver, et que la crainte de l’opinion peut seule corriger. En effet, les lois dont toutes les dispositions doivent être d’une précision rigoureuse, les lois qui demandent des preuves régulières et irrésistibles, semblent devoir être réservées pour ces actions, criminelles par elles-mêmes, qui blessent directement les droits de la société : elles perdent toute leur force, et peuvent même devenir injustes, lorsqu’on les emploie contre les actions qui ne sont des crimes, que parce qu’elles sont défendues par le législateur, et qui ne deviennent dangereuses pour la société, ou même contraires à la morale, que par des circonstances souvent difficiles à déterminer avec cette précision et cet le certitude que les lois doivent toujours exiger avant de punir. Toute loi d’ailleurs qui attaque de front un vice que les mœurs tolèrent est nécessairement bientôt éludée et oubliée ; mais du moins, tant que cette loi subsiste, tout privilège qui en dispense est un scandale et une injustice. Le législateur peut et doit même souvent laisser des vices impunis :, jamais il ne doit les protéger. M. de Maurepas saisit le premier moment où la destruction de ces niaisons n’était plus au-dessus de son crédit pour la demander et l’obtenir ; elles furent fermées le même jour. Le peuple, dont les regards avaient été fatigués si longtemps par les scènes scandaleuses, les désastres, les vols, les meurtres occasionnés par le jeu, allait en foule contempler ces antres de l’avarice, désormais fermés, et qu’il ne devait pas craindre de voir