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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/576

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ÉLOGE DE M. BERNOULLI.


réunies l’une à l’autre. Si ce problème était une espèce de défi, M. Bernoulli l’avait bien choisi ; la loi de continuité était rompue dans le point où les deux cordes étaient unies, et il était facile de prévoir qu’il en devait résulter une difficulté de plus pour une méthode purement analytique. Cependant l’analyse de M. Eu 1er en triompha sans peine.

Dans cette longue et glorieuse lutte, on voit, avec un plaisir mêlé d’étonnement et de respect, deux hommes de génie : l’un déployant toutes les forces de l’analyse ; l’autre employant, pour s’en passer, toute l’adresse et toute la sagacité d’un esprit inépuisable en ressources. L'un prodiguant les efforts et les calculs, parce qu’ils ne cogitaient rien à son génie également fécond et infatigable ; l’autre toujours simple, élégant et facile, mettant sa gloire à faire beaucoup avec peu de forces, sans avoir à craindre qu’on osât l’accuser d’en manquer. Tous deux, enfin, également sûrs d’obtenir l’admiration du petit nombre de ceux qui pouvaient les entendre ou les juger, et dont ils partageaient les suffrages.

Cette méthode de réduire les mouvements composés et irréguliers d’une corde à des vibrations isochrones et régulières, fut étendue, par M. Bernoulli, aux mouvements d’un fil chargé de poids ; elle lui servit à déterminer avec exactitude la véritable longueur du pendule simple, dont les oscillations répondent à celles d’un poids suspendu à un fil flexible d’une longueur donnée. On supposait la longueur de ce pendule égale à la distance du point de suspension au centre d’oscillations ; et M. Ber-