juge ; il combat toutes les erreurs qui peuvent troubler
la paix ou attenter aux droits des hommes ; il
désire enfin qu’ils soient éclairés sur leurs vrais intérêts comme sur leurs droits, parce que leur félicité
commune et la tranquillité publique dépendent de la
liberté qu’ils ont de s’instruire, et de la destruction
des préjugés : tel fut constamment M. D’Alembert,
mauvais citoyen pour l’homme puissant et corrompu,
mais bon patriote aux yeux des ministres justes et
éclairés, comme aux yeux de la nation.
Il avait prouvé, par des traits éclatants, qu’il était inaccessible à l’intérêt autant qu’à la vanité ; mais les augmentations successives, et toujours très-modiques, que reçut son revenu, n’étaient pas reçues avec l’indifférence à laquelle on aurait pu s’attendre ; elles lui donnaient plus de facilité pour acquitter des dettes de bienfaisance qu’il regardait comme de véritables obligations ; ses inquiétudes sur ses affaires n’avaient jamais d’autre objet : Et je serai forcé de retrancher sur ce que je donne, était la seule crainte qu’il confiât à ses amis, lorsque des circonstances imprévues le menaçaient de quelque perte ou de quelque retardement. Avec de tels sentiments, il ne devait avoir et n’eut jamais qu’une fortune médiocre : on ne parvient pas à s’enrichir, quand c’est pour les autres seulement qu’on veut être riche ; et ceux qui, en accumulant des trésors, parlent encore de leur mépris pour les richesses, prouvent seulement qu’ils joignent l’hypocrisie à leurs autres vices.
Le caractère de M. D’Alembert était franc, vif et