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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/119

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ÉLOGE DE M. D’ALEMBERT.


mes de tous les ordres, mais choisis parmi ceux qui aimaient la vérité, et qui étaient dignes de l’entendre, lui formèrent alors une société nombreuse, où se joignait une foule de jeunes littérateurs et de gens du monde, que le désir de voir un grand homme, ou la vanité de dire qu’ils l’avaient vu, attirait auprès de lui. Cette société rassemblait, pour ainsi dire, tous les hommes qui, zélés pour les intérêts de l’humanité, mais différents par leurs occupations, leurs goûts, leurs opinions, n’étaient rapprochés que par un désir égal de hâter les progrès des lumières, un même amour pour le bien, et un respect commun pour l’homme illustre que son génie et sa gloire avaient naturellement placé à leur tête : elle offrait aux jeunes gens qui entraient dans la carrière des lettres, les moyens de faire des connaissances utiles à leur avancement ou à leur fortune, sans se livrer à une dissipation d’autant plus funeste pour le talent, qu’il est encore moins formé ; ils y trouvaient les encouragements que donne le suffrage libre et éclairé des hommes supérieurs, les lumières utiles qui s’échappent de leur conversation, enfin la crainte salutaire pour la jeunesse de perdre, par sa conduite, l’estime d’une société qu’on respecte et qu’on recherche. Ce n’est point ici mon jugement que j’expose, c’est l’expression fidèle des sentiments de plusieurs de ceux qui étaient admis chez M. D’Alembert, telle qu’elle leur est échappée au milieu de leurs regrets.

La constitution de M. D’Alembert était naturellement faible ; je régime le plus exact, l’abstinence abso-