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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/125

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ÉLOGE DE M. DE TRESSAN.


pendant une victime, à la vérité pour bien peu de temps.

Elle eut vingt-deux enfants, dont dix-neuf vécurent plus de soixante-dix ans ; une des filles en vécut cent.

Ces détails généalogiques paraîtront peut-être étrangers à l’éloge d’un académicien, mais ce sont les actions de ses ancêtres, et non leurs titres, que nous venons de rapporter ; et ces actions sont une partie du patrimoine de leurs descendants.

M. le comte de Tressan fut élevé d’abord chez l’évêque du Mans, son grand-oncle, car sa famille avait quitté la religion réformée ; elle avait même produit un missionnaire célèbre, qui, sous le règne de Louis XIV, convertit beaucoup de protestants, et n’en fut pas moins persécuté comme janséniste. L’évêque du Mans avait quitté la cour de bonne heure, pour se retirer volontairement dans son diocèse, avec un évêque anglais, son ami : ils vécurent ensemble pendant quarante-deux ans, et eurent le bonheur de mourir le même jour. M. de Tressan fut alors élevé par son oncle, archevêque de Rouen, premier aumônier du duc d’Orléans, régent du royaume.

L’archevêque de Rouen fît venir son neveu à la cour, école bien dangereuse pour un jeune homme de treize ans ; mais ce jeune homme ne se borna ni aux leçons qu’il pouvait y recevoir, ni aux sociétés qu’il y trouva : il se lia dès sa première jeunesse avec Voltaire et avec Fontenelle, eut l’avantage de leur plaire, et le mérite de sentir le prix de leur amitié ;