Aller au contenu

Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
114
ÉLOGE DE M. DE TRESSAN.


ils lui inspirèrent le goût de la philosophie et des lettres, et ce respect pour les hommes illustres dans les sciences ou dans la littérature, qui malheureusement n’en est pas toujours une suite : car on a vu souvent les gens du monde, loin de trouver des plaisirs ou un remède contre l’ennui, dans la culture des beaux-arts, devenir les victimes de cet amour-propre malheureux qui accompagne les demi-talents, et haïr les hommes célèbres, dont la gloire humiliait en secret leur orgueil.

M. de Tressan, quoique occupé autant qu’aucun autre homme de la cour, des plaisirs ou de ce qui en a le nom, réservait tous les jours quelques heures qu’il consacrait au travail ; il s’instruisait par le commerce des savants, dont il avait su se concilier la bienveillance, et se préparait des ressources pour le temps de sa vieillesse, des consolations contre les malheurs de l’ambition et de la fortune.

Il fit, dans la guerre de 1741, toutes les campagnes de Flandre, avec le feu roi, dont il était aide de camp à la bataille de Fontenoi, la première qu’un roi de France eût gagnée contre les Anglais, depuis celle de Taillebourg.

En 1730, il entra dans l’Académie comme associé libre ; il s’était déclaré physicien peu de temps auparavant, par un mémoire sur l’électricité ; matière alors très-nouvelle et très-peu connue. Dans cet ouvrage, il s’était un peu livré à son imagination, et elle l’avait bien servi, puisqu’il a prédit une partie des découvertes qui ont été faites depuis.

Ces recherches, qui n’ont pas été imprimées, an-