Aller au contenu

Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/127

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
115
ÉLOGE DE M. DE TRESSAN.


noncent une étendue de connaissances qu’on est étonné que M. le comte de Tressan ait eu le temps d’acquérir, et montrent une sagacité qu’on regrette de n’avoir pas été plus constamment employée : elles donnent même lieu de croire que son goût pour la physique serait devenu un véritable talent, s’il avait pu le suivre avec cette opiniâtreté et cette constance sans lesquelles on ne fait, dans les sciences, ni de véritables découvertes, ni même de véritables progrès.

Vers le même temps, il composa pour l’Encyclopédie plusieurs articles, presque tous sur l’art militaire ; et il eut soin d’y faire entrer quelques leçons d’humanité et de justice, que malheureusement on ne peut pas encore regarder comme absolument inutiles.

M. le comte de Tressan passa de la cour de France à celle de Lorraine, où il fut grand maréchal des logis du roi de Pologne Stanislas, et successivement commandant du Toulois et de la Lorraine allemande.

Il contribua beaucoup à l’établissement de l’Académie de Nancy ; il y lut plusieurs discours, et y prononça souvent l’éloge des hommes célèbres qu’il y avait fait associer. Le roi de Pologne, qui aimait les lettres et qui les cultivait, avait pris pour M. de Tressan un goût assez vif pour inspirer de la jalousie au père Menou ; aussi ce jésuite ne manqua-t-il pas d’accuser M. de Tressan d’avoir mis de la philosophie dans quelques-uns de ses discours académiques ; le roi lui en parla : Je conviens de mon tort, lui répondit M. de Tressan, mais je supplie Votre Majesté de