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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/142

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ÉLOGE DE M. MACQUER.


ses découvertes, et qu’il ne s’empressât point de les consacrer gratuitement à l’utilité commune ; mais puisque ceux qui sollicitent des grâces oublient si facilement que c’est aux dépens du sang du peuple qu’ils cherchent à satisfaire leur avarice ou leur ambition, pourrait-on ne point pardonner un pareil oubli à celui qui ne demande que pour les malheureux ?

M. Macquer fut chargé d’examiner ces remèdes. Le projet du comte de la Garaie était alors d’extraire les parties salubres des minéraux par une longue macération avec des sels neutres. Il avait entre autres préparé une teinture mercurielle par des procédés qui duraient plusieurs mois ; mais cette teinture n’était qu’une dissolution de sublimé corrosif dans l’esprit-de-vin. Telle est en général l’histoire de ces secrets si vantés, tantôt chimériques, tantôt connus de tout le monde, excepté de ceux qui les achètent.

M. Macquer se trouva placé à une époque où la chimie commençait à se délivrer des rêves des alchimistes, dont les ouvrages des restaurateurs de cette science sont encore infectés ; mais la clarté, la méthode étaient un mérite inconnu dans les livres qui en traitaient, et surtout en France : un reste de cartésianisme ajoutait à l’obscurité de la science, en la surchargeant de prétendues explications mécaniques.

M. Macquer est le premier qui ail donné des éléments de chimie où l’on trouve la même clarté, la même méthode qui régnaient déjà dans les autres branches de la physique. Avant lui, on regardait la chimie comme une science isolée, embarrassée,