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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/148

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ÉLOGE DE M. MACQUER.


ni l’aigreur, ni l’emportement de l’amour-propre blessé. S’il ne faisait pas valoir avec enthousiasme ce qui lui paraissait utile et bon, du moins il approuvait toujours avec plaisir. C’était malgré lui, et lorsqu’il y était contraint par la justice, qu’il se déterminait à porter un jugement sévère. Il voyait le bien, il l’aimait, mais quelquefois cédait trop facilement aux obstacles, croyait trop promptement l’impossibilité du succès, et se consolait trop tôt par l’idée qu’il est impossible d’empêcher le bien s’il est une fois connu, et qu’il ne faut que savoir attendre.

Quoiqu’il eût peu pratiqué la médecine, la Société royale le choisit pour un de ses premiers membres ; et son amour pour le bien public lui fit un devoir de s’intéresser à un établissement si utile. Les réclamations qui s’élevèrent contre cette institution n’ébranlèrent pas M. Macquer ; il y reconnut les mêmes raisonnements et les mêmes principes que dans le siècle dernier on avait opposés à l’établissement des compagnies savantes. Son zèle éclairé pour les sciences et pour l’Académie, était encore un dés motifs de son attachement à cette société nouvelle ; il savait que c’est surtout des progrès de la théorie que doivent s’occuper les compagnies qui, par leur constitution, embrassent toute l’étendue des sciences. C’est dans ces académies seules que les recherches qui ne sont point d’une application immédiate, qui ne frappent point la curiosité publique, peuvent être appréciées, ou espérer de trouver une récompense. Si, séduites par des vues d’une utilité prochaine, les compagnies savantes se livraient exclusi-