vement à des recherches pratiques, la marche des sciences en serait retardée aux dépens de cette même utilité à laquelle on les aurait imprudemment
sacrifiées.
L’institution d’un corps chargé spécialement de l’application des sciences physiques à l’utilité commune devait donc paraître, à un esprit aussi juste que celui de M. Macquer, non-seulement un moyen de perfectionner la médecine, mais un service rendu aux sciences, qui, s’enrichissant tous les jours de vérités et d’applications nouvelles, deviennent d’une immense étendue, et demandent à être partagées pour être mieux cultivées.
M. Macquer avait passé une grande partie de sa vie avec un frère qui aimait les lettres, et à qui l’on doit quelques abrégés chronologiques estimés ; après la mort de ce frère, le seul chagrin violent qu’il ait jamais éprouvé, il ne vécut plus qu’avec sa femme et deux enfants, dont l’éducation était son unique délassement et son occupation la plus chérie.
Il aimait peu le monde, parce qu’il préférait à tout la tranquillité et l’indépendance ; cependant, il était doux, facile même dans la société, et on n’eût jamais deviné qu’il ne s’y livrât qu’à regret : l’espèce de crainte qu’il y éprouvait n’était pas l’embarras que donne l’humeur, c’était le besoin de ces sentiments doux auxquels il est si touchant de pouvoir s’abandonner en liberté, et qui rendent, pour ceux qui les connaissent, tout autre plaisir insipide. Il n’était point malheureux dans le monde, mais il y portait toujours le souvenir involontaire du bon-