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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/157

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ÉLOGE DE M. BERGMAN.


il s’était jeté, de cette étendue de connaissances, de cette facilité, de cette habitude des opérations, avantages sans lesquels, dans les sciences physiques, le talent peut encore beaucoup pour la célébrité du savant, mais très-peu pour le progrès de la science et l’utilité réelle. On s’aperçut bientôt, au contraire, que ses études de géométrie, de physique, d’histoire naturelle, étaient bien loin de lui avoir été inutiles. Elles le préservèrent des préjugés et de l’esprit de routine dont chaque partie de nos connaissances semble avoir encore conservé quelques vestiges ; elles donnèrent à ses idées et à ses vues plus de précision et plus d’étendue. Il vit que la chimie devait être, après les mathématiques, la base fondamentale de la connaissance de la nature, qu’il fallait donc reculer les bornes du champ trop resserré où cette science avait été renfermée ; mais qu’en lui ouvrant une carrière plus vaste, on courait risque de n’y multiplier que les erreurs, si on ne s’occupait en même temps d’en bannir toutes les explications vagues et systématiques, d’en réformer la langue, enfin d’y porter l’exactitude de quelques autres parties de la physique.

Son premier soin fut de former auprès de son laboratoire, un cabinet dans lequel les substances du règne minéral étaient rangées par ordre, à côté des produits des expériences qui lui en avaient fait connaître la composition ; une autre pièce renfermait les minéraux qui se trouvent en Suède, et ils y étaient rangés suivant leur ordre géographique ; enfin, dans une troisième, les modèles des machines,