Aller au contenu

Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/158

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
146
ÉLOGE DE M. BERGMAN.


des instruments, des métiers employés à faire subir à ces substances les préparations, à leur donner les formes qui les rendent utiles à nos besoins, étaient placés à côté des produits que les arts en avaient formés. Par ce moyen, un élève apprend d’abord à connaître les substances d’après leur nature et la proportion des principes dont ils sont formés. Plus loin, il les aperçoit rangées dans l’ordre où elles ont été répandues sur le globe, et les lois qui ont présidé à cet ordre deviennent plus faciles à reconnaître ou à saisir. Enfin, il voit comment les arts ont su employer ces substances, comment leur pratique a prévenu les théories, ou a su en profiter, comment on y a résolu une foule de problèmes chimiques compliqués par une condition de plus, la nécessité de les résoudre avec profit, élément qui rend cette solution plus difficile, et les méthodes par lesquelles on l’a trouvée, souvent plus piquantes.

Cette manière d’instruire, si nouvelle, et pour laquelle M. Bergman fit des sacrifices considérables, est un des grands services qu’un esprit profond et philosophique pût rendre aux sciences. Bientôt après, il les enrichit par de nombreuses découvertes.

C’est lui qui le premier a fait bien connaître la substance à laquelle on donnait le nom à d'air fixe, et qu’il a nommée acide aérien, après avoir prouvé qu’elle avait toutes les propriétés des acides.

Le nickel, le régule de manganèse, la terre de magnésie, la terre pesante, étaient des substances nouvellement découvertes, et sur lesquelles la chimie