Aller au contenu

Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
147
ÉLOGE DE M. BERGMAN.


n'offrait avant lui que des vues ingénieuses ou des expériences isolées.

L’acide qu’on retire du sucre et d’un grand nombre d’autres substances végétales, en distillant sur elles de l’acide nitreux ; ceux qu’on retire de l’arsenic, du molybdène, du spath fluor, du tungstène, avaient été découverts dans son école, par lui ou par ses disciples. Mais il fallait une longue suite d’expériences et de recherches pour apprendre à connaître ces substances, ou nouvelles, ou peu familières aux chimistes, aussi parfaitement que celles qui ont été plus anciennement traitées ; et pour que leur analyse, leurs propriétés, les phénomènes qu’elles présentent dans leurs combinaisons, formassent également un ensemble systématique de faits constants et précis.

M. Bergman osa entreprendre ce travail immense ; et tandis que ce terrain, jusque-là sans culture, lui offrait d’abondantes moissons, il savait en recueillir de nouvelles sur ceux qu’une culture assidue semblait avoir épuisés. Le fer, qui est depuis si longtemps le sujet des opérations de tant d’arts différents, et l’objet des recherches des savants et des artistes, n’a commencé à être vraiment connu que depuis les recherches de M. Bergman, qui a montré, dans ce qu’on prenait pour du fer, plusieurs substances étrangères, presque toutes métalliques, dont l’existence était inconnue. Mais ce n’est point par ces travaux particuliers qu’il faut juger de son génie ; c’est dans ses nouvelles méthodes, dans ses théories générales, qu’il faut apprendre à le connaître et à l’apprécier.