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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/164

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ÉLOGE DE M. BERGMAN.


M.Geoffroy, corrigée, augmentée, perfectionnée. M. Bergman avait porté, dans l’étude de la chimie, des vues trop philosophiques pour ne pas sentir l’importance de cette table et ne pas s’occuper de la rendre plus utile. Mais il regardait ce travail comme devant former le résultat et le complément de tous les autres, et il avait calculé le nombre effrayant de trente mille expériences nécessaires encore pour la rendre aussi complète que nos connaissances le permettent. Aussi aurait-il retardé encore longtemps la publication de cet ouvrage, si le dépérissement de sa santé ne lui eût fait envisager une mort prochaine. Alors il se crut permis de mettre au jour les matériaux qu’il avait rassemblés, les idées qu’il aurait voulu éclaircir, les vues qu’il se proposait de vérifier ; il ne craignait plus le reproche d’avoir publié un ouvrage trop imparfait, de n’avoir fait que deviner ce qu’il aurait fallu prouver. Il me suffit, disait-il, que mes essais puissent mettre les autres en état de porter plus loin leurs recherches. Qu’importe que la vérité soit trouvée par moi ou par un autre, pourvu qu'elle le soit.

Cependant cet ouvrage, si imparfait à ses yeux, ne l’a pas été aux yeux des autres chimistes. Sa table, incomparablement plus étendue que celle de M. Geoffroy, est la première qui contienne les lois des affinités, telles qu’on les observe en opérant par la voie sèche. Il a eu de plus l’idée absolument nouvelle d’exprimer, par des espèces de formules, toutes les opérations chimiques dont les résultats servent de base à sa table. Un seul coup d’œil fait voir les