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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/165

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ÉLOGE DE M. BERGMAN.


substances sur lesquelles on a opéré, la méthode employée et le résultat de l’opération.

Cette espèce de langue nouvelle mérite l’attention des philosophes ; le moment approche où la langue alphabétique ne sera plus ni assez rapide, ni assez riche, ni assez précise, pour répondre aux besoins des sciences et suivre leurs progrès ; elles seront forcées de s’arrêter, où il faudra créer pour chacune une langue dans laquelle des signes, invariablement déterminés, expriment les objets de nos connaissances, les diverses combinaisons de nos idées, les opérations auxquelles nous soumettons les productions de la nature, et celles que nous exécutons sur nos propres idées, qui soient enfin pour tous les genres de sciences, mais avec plus de perfection encore, ce que la langue de l’algèbre est pour l’analyse mathématique.

Personne, avant M. Bergman, n’avait mieux prouvé combien les lois des affinités sont constantes, et comment on peut, par un examen plus approfondi des phénomènes, rappeler à ces lois les faits qui paraissent le plus les combattre. Il montre en effet que la même substance agit tantôt comme n’étant qu’un seul principe, et tantôt comme étant elle-même décomposable, et par l’action séparée des différents principes dont elle est formée. Ici les principes, au lieu de se combiner deux à deux, se combinent trois à trois ; là, une substance formée de deux principes est capable de conserver, avec une certaine quantité surabondante d’un de ses principes, une affinité assez forte pour enlever ce principe à une autre subs-