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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/175

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ÉLOGE DE M. MORAND.


ture de cet Hermite Pierre, le premier auteur des croisades, qui doit son immortalité à l’honneur funeste, mais rare pour un particulier, d’avoir été la première cause de la mort de plusieurs millions d’hommes : tel est le tableau très-abrégé et très-incomplet de ce qu’offrent les ouvrages épars de M. Morand.

En 1759, il entra dans l’Académie comme adjoint anatomiste, et on trouve dans les Mémoires de la même année, sa dissertation sur la construction intérieure et l’usage du thymus. Cet organe singulier existe dans la poitrine du fœtus des animaux vivipares, croît avec eux, et continue même de croître encore dans les premiers temps qui suivent la naissance ; bientôt après il diminue, n’oblitère et disparaît presque en entier. Il exerce donc, dans les premiers temps de la vie, des fonctions qui deviennent ensuite inutiles à la conservation de l’individu, et n’entrent plus dans l’ordre des lois d’après lesquelles il doit exister. Comme les conjectures des anatomistes sur ces fonctions étaient peu satisfaisantes, M. Morand a cru devoir en former de nouvelles ; et il suppose que, pendant le temps de la gestation, le thymus sépare du sang la partie laiteuse que lui fournit le placenta. Elle passe du thymus dans le canal thora chique, pour prendre enfin la route que suit le chyle dans les animaux adultes. Lorsque l’animal est né et qu’il respire, ce même organe peut encore servir à la sécrétion d’une partie du sang, tant que la nouvelle route que prend alors la circulation n’est pas assez établie, et que le poumon n’exerce pas ses