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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/184

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ÉLOGE DE M. CASSINI.


princes. Mais, malgré l’intérêt constant que le roi prenait à cette entreprise, M. de Sechelles supprima les fonds que ses prédécesseurs avaient accordés. Le roi, qui aimait M. Cassini, voulut se charger de lui annoncer lui-même cette fâcheuse nouvelle. Sire, lui dit M. Cassini, que Votre Majesté daigne dire seulement qu’elle voit avec peine la suspension de cette entreprise, et quelle en désire la continuation, je me charge du reste. Le roi y consentit, mais en plaisantant M. Cassini sur l’inutilité de cette marque d’intérêt ; car ce prince, après plus de trente ans de règne, ne connaissait pas encore toute l’influence que l’opinion du monarque a sur les courtisans.

Cependant, M. Cassini forma le plan d’une compagnie qui se chargerait de faire les avances, et qui, devenue propriétaire de l’entreprise, retirerait ses fonds sur la vente des cartes. Le mérite de rendre l’activité à un travail dont le roi regrettait la suspension, et l’avantage d’acquérir le droit de lui parler d’un objet qui lui était agréable, déterminèrent plusieurs courtisans à entrer dans cette compagnie ; quelques citoyens se joignirent à eux dans la vue de contribuer au succès d’un ouvrage utile.

L’entreprise se continua sous cette nouvelle forme, avec plus de rapidité et de méthode. Bientôt le gouvernement accorda quelques encouragements ; différentes provinces contribuèrent à la dépense, et M. Cassini a eu la consolation de voir terminer presque entièrement un travail si étendu, et d’en devoir à lui-même presque tout le succès.

Les points des triangles avaient été déterminés