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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/185

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ÉLOGE DE M. CASSINI.


avec toute la précision à laquelle les progrès de la physique et ceux de l’art de construire les instruments permettaient d’atteindre. Mais on avait été obligé de partager entre un grand nombre de coopérateurs le travail de lever l’intérieur de ces triangles ; et, malgré les moyens de vérification que M. Cassini s’était procurés, l’exactitude de toutes les cartes ne pouvait être la même ; les coopérateurs ne pouvaient avoir ni la même intelligence ni le même zèle. On put s’apercevoir aussi que, dans la manière de représenter la forme des terrains, on n’avait ni formé un plan général avec assez de soin, ni exécuté avec assez d’attention celui auquel on s’était arrêté ; mais, en convenant de ces défauts, on ne peut s’empêcher d’avouer que cette entreprise, la plus vaste qui ait été tentée en géographie, est en même temps celle dont l’exécution a été la plus exacte.

M. Cassini ne voulait pas qu’elle fût bornée à la France ; il profita de la guerre de 1741 pour étendre ses cartes à la Flandre, et vérifier la mesure du degré faite par Snellius. C’était la première que les Occidentaux eussent osé tenter ; et ce travail, joint à la découverte de la loi de la réfraction, avait immortalisé avec justice le nom du savant hollandais. Cette mesure était cependant très-fautive ; l’erreur paraissait de près de deux mille toises sur un degré, et il était curieux de savoir quelle en avait pu être la cause. M. Cassini trouva qu’il fallait l’attribuer presque uniquement à l’erreur qui avait été commise dans la détermination de la différence de lati-