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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/200

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ÉLOGE DE M. DE COURTIVRON.


coup plus qu’avec ses camarades, et dans un âge, dans une position où il eût été excusable de se laisser éblouir par les brillants fantômes de l’ambition, une place à l’Académie des sciences était devenue l’objet secret de ses désirs et de ses travaux.

La mort de l’empereur Charles VI ralluma la guerre en Europe : le cardinal de Fleury avait soutenu avec trop de faiblesse le parti de la paix, parce qu’il craignait de s’exposer à la nécessité de renoncer à une place dont, à l’âge de quatre-vingt-dix ans, il n’avait pas la force d’envisager la perte sans regret, et, suivant avec répugnance des vues ambitieuses dont il connaissait toute l’illusion, il mettait une lenteur et une économie nuisibles au succès dans l’exécution des plans vastes, mais mal combinés, qu’il désapprouvait, autant par sagesse que par timidité.

M. de Courtivron servit dans l’armée de Bohème. L’activité et l’intelligence qu’il avait montrées dans ses premières campagnes ; la réputation d’officier appliqué et instruit, que son goût pour l’étude lui avait méritée, le firent choisir pour aide-maréchal général des logis de la cavalerie dans l’armée aux ordres du feu maréchal de Broglie ; et plus d’une fois, il remplit, dans des corps séparés, les fonctions de maréchal général. C’est en cette qualité qu’il suivit le marquis de Tonnerre au ravitaillement du château de Fravenberg, expédition dans laquelle il fut blessé. La même année, il fut chargé des mêmes fonctions dans la petite armée que le comte de Saxe commandait en Bavière, eut le bonheur de le tirer d’un péril imminent où l'impétuo-