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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/204

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ÉLOGE DE M. DE COURTIVRON.


l’observation, et en se préservant avec un soin égal des préjugés populaires et des systèmes. La sagesse de son esprit le mettait à l’abri de ces deux genres de séduction qui paraissent opposés, et qui cependant naissent d’une même cause : l’empire d’une imagination forte sur une raison faible.

M. le marquis de Courtivron donna aussi plusieurs mémoires sur les forges, et une description de cet art important qu’il avait étudié et comme physicien et comme propriétaire. Ses connaissances en physique lui ont été très-avantageuses pour l’amélioration des forges qui lui appartenaient. Cette utilité immédiate dès sciences est sans doute un de leurs moindres mérites ; mais c’est un des plus propres à frapper la multitude, et il est bon qu’elles puissent s’en parer quelquefois. On prétend que les Abdéritains ne commencèrent à regarder l’étude comme une occupation digne d’un homme raisonnable, qu’après avoir vu un philosophe célèbre, leur compatriote, s’enrichir par une spéculation de commerce ; et il y a beaucoup d’Abdéritains, même au milieu des nations les plus éclairées.

M. de Courtivron était père de famille, et les obligations attachées à ce titre, parmi lesquelles celle de veiller sur son patrimoine doit sans doute être comptée, l’éloignèrent peu à peu de la capitale et de l’Académie. Il obtint le titre de pensionnaire vétéran, et se retira presque absolument dans ses terres.

Il s’était marié deux fois : la première, avec mademoiselle de Saint-Cyr-Cœli, qu’il eut le malheur de