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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/226

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ÉLOGE DE M. DE PRASLIN.


la guerre dans les Antilles comme dans l’Inde, événement qui eût été unique dans notre histoire navale. Déjà les négociants anglais établis dans les Antilles avaient senti le danger de leur position ; ils s’étaient adressés à leurs correspondants à la Martinique, pour y mettre en sûreté leurs effets les plus précieux. L’état florissant de la marine française contribua sans doute alors au maintien de la paix, dont la rupture trop prompte eût retardé la révolution heureuse à laquelle les mers et le commerce devront leur liberté.

Ces détails suffiraient pour répondre aux seuls reproches qu’on ait faits au ministère de M. le duc de Praslin. Si l’on était forcé de respecter son équité et de convenir qu’il était éclairé, ami de l’ordre, économe du trésor de la nation, dans ce département comme dans le premier qui lui avait été confié, ses souffrances habituelles pouvaient faire croire, ou du moins permettaient de dire qu’il manquait d’activité et d’application.

Mais nous pouvons ajouter que, chargé, comme ministre, de rapporter des affaires au conseil, jamais il ne se permit d’en rapporter une sans avoir vérifié sur les pièces originales les extraits, les citations des mémoires rédigés dans ses bureaux : « Si je me trompe en jugeant d’après vous, disait-il à ses commis, je suis responsable de votre erreur ; si c’est en jugeant d’après moi-même, j’ai rempli mon devoir, et ma conscience ne me reprochera rien. » Enfin, lorsqu’après sa retraite du ministère, des hommes dont il ne devait pas