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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/227

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ÉLOGE DE M. DE PRASLIN.


attendre de l’indulgence, se firent rendre compte de son département, et qu’ils furent initiés dans le secret de ses vues et de ses plans, ils se virent contraints de lui rendre un témoignage dont les circonstances ne permettaient pas de soupçonner la sincérité.

L’union de M. le duc de Praslin avec M. de Choiseul fut inaltérable, malgré la différence de leurs caractères, de leurs goûts, de leurs opinions, et peut-être même à cause de cette différence qui les rendait souvent nécessaires l’un à l’autre. Elle contribua aux succès de leur administration en portant dans trois grands départements, liés entre eux par la nature des affaires, cette unité de vues et de principes si nécessaire, et cependant si difficile à établir entre des ministres qui agissent séparément et d’une manière indépendante : car la probité et le zèle pour le bien public ne pourraient peut-être même établir un tel concert entre deux hommes dont l’amitié et la confiance n’auraient pas précédé leur réunion dans le ministère. En parlant des opérations exécutées sous M. de Praslin, dans deux départements confiés l’un et l’autre à M. de Choiseul, avant ou après lui, il serait souvent impossible de distinguer ce qui leur appartient en particulier ; mais chacun d’eux eût consenti à en partager l’honneur avec son ami, eût vu avec peine qu’un zèle indiscret tentât de lui assigner une part séparée ; et nous croyons devoir respecter, aujourd’hui même qu’ils ont cessé de vivre, le secret de leur amitié et de leur confiance. Ils eurent encore