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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/228

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ÉLOGE DE M. DE PRASLIN.


un mérite commun, d’autant plus digne de la reconnaissance secrète des citoyens, qu’il peut difficilement être l’objet d’un éloge public, et qu’il est trop souvent oublié par l’histoire ; c’est celui d’oser prendre la défense des opprimés, d’écouter la voix de sa conscience plutôt que celle des intérêts politiques, et de s’exposer, par amour pour la justice, à la vengeance de particuliers accrédités ou de corps puissants, dont la haine est encore plus dangereuse, et frappe avec moins de scrupule les défenseurs à côté de la victime.

M. le duc de Praslin avait été nommé honoraire de l’Académie en 1770. Cette compagnie s’est toujours fait un devoir d’appeler dans son sein ceux des ministres de la marine qui, en cherchant à répandre l’instruction, en employant leur pouvoir à favoriser les progrès des lumières, ont acquis des droits à notre reconnaissance. C’est un moyen de resserrer une liaison déjà formée par le besoin qu’a souvent l’Académie du ministre de la marine, pour des recherches importantes ; et celui que le ministre daigne paraître avoir quelquefois des avis et des lumières de l’Académie.

M. de Praslin avait désiré cette place, et c’est la seule pour laquelle il ait montré quelque ambition. Il aimait les sciences et en avait étudié quelques-unes ; il ne comptait pas se borner à paraître quelquefois dans nos séances ; il savait qu’une assiduité habituelle à nos assemblées lui offrirait un délassement accompagné d’instruction et d’utilité ; avantage précieux pour un esprit mûri par l’âge, les réflexions et