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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/243

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ÉLOGE DE M. GUETTARD.


champ ; il continue sa route, et aperçoit le sommet du Puy-de-Dôme. « Je reconnais un volcan, dit-il ; tel est l’aspect du Vésuve, de l’Etna, du pic de Ténériffe que j’ai vus gravés » (car jusqu’alors aucun volcan actuellement enflammé n’avait frappé ses yeux). Déjà sûr de sa découverte, il détermine M. de Malesherbes à faire un voyage en Auvergne, monte avec lui sur le Puy-de-Dôme et le Mont-d’Or, reconnaît les cratères, les laves, les couches inclinées et parallèles que des matières fondues ont dû former, remarque encore d’autres volcans dans le Forez, et revient annoncer à Paris que ces mêmes Gaules, qui, suivant la superstition ancienne, étaient à l’abri des tremblements de terre, avaient, dans des temps plus reculés encore, été couvertes de volcans. Bientôt après, d’autres savants ont observé, dans des pays aujourd’hui aussi tranquilles, des traces non moins certaines de ces anciens incendies. Ces éruptions effrayantes, que l’on croyait un fléau particulier à quelques points isolés, sont maintenant reconnues pour un des phénomènes les plus généraux du globe. Dans toutes les contrées de l’Europe, on a trouvé des chaînes de montagnes qui ont lancé des flammes, des terrains immenses y sont encore couverts des débris des volcans. Des pierres dont on ignorait l’origine, telles que le basalte, sont le produit et les témoins de ces antiques embrasements, et un naturaliste de cette Académie, M. Desmarest, qui a le premier découvert cette origine du basalte, a porté la précision de ses recherches jusqu’à reconnaître, dans un même pays, les traces de plusieurs