quent, le défenseur infatigable des droits de la raison et de l’humanité ; il le consulta souvent et l’employa quelquefois. Il n’attendit point l’Esprit des lois pour rendre hommage au génie de Montesquieu.
La gloire naissante de M. D’Alembert trouvait en lui
son premier appui. Les ministres ont rarement le
pouvoir, l’intention ou le temps de faire un bien
éclatant et durable ; et ceux qui aiment leur gloire
n’ont peut-être pas de moyen plus certain de l’assurer,
que de lier ainsi leur nom à des noms éternellement
consacrés dans la mémoire des hommes. Il
ne reste de chaque époque, de chaque siècle, que
deux ou trois témoins ; heureux ceux qui font parler
en leur faveur les seules voix que la postérité
puisse entendre.
M. d’Argenson s’était plus occupé de la paix de l’Europe que des intrigues de Versailles ; aussi cessa-t-il bientôt d’être ministre. La simplicité de son ton, portée jusqu’à la familiarité ; un usage trop fréquent d’expressions populaires et proverbiales ; ces naïvetés piquantes d’un homme d’esprit, auxquelles les esprits médiocres donnent un autre nom, fournirent, au goût délicat et sévère des courtisans, un prétexte pour donner des ridicules à un homme dont la probité, les intentions droites et les bons principes pouvaient les effrayer, et ils obtinrent le succès qui les flatte le plus, celui d’écarter de la cour un ministre honnête homme.
M. le marquis d’Argenson avait regardé le ministère comme un devoir quelquefois doux, et plus souvent pénible. En perdant sa place, il rentra dans