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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/276

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ÉLOGE DE M. DE PAULMY.


pour la qualité d’homme, qui lui ont dicté sou ouvrage, on me pardonnera d’avoir interrompu l’éloge de son fils, pour rendre un faible hommage à un homme digne d’être placé dans la liste si courte des ministres citoyens.

Élevé par un tel père, M. le marquis de Paulmy sut se défendre de cette inapplication, de cette orgueilleuse paresse, partage trop ordinaire de ceux à qui leur naissance promet une élévation rapide et facile.

Il avait à peu près vingt ans lorsque M. le comte d’Argenson, son oncle, fut appelé au ministère de la guerre ; M. le marquis d’Argenson eut bientôt après celui des affaires étrangères. Dès-lors, il fut admis aux détails les plus secrets de deux grands départements ; on le chargeait de ces commissions, de ces travaux que les ministres n’osent confier qu’à ceux qui, ayant avec eux une sorte de communauté de fortune et de gloire, ne peuvent ni chercher à les supplanter, ni désirer qu’un autre les remplace.

A la paix, M. de Paulmy, devenu moins nécessaire au département de la guerre, fut nommé ambassadeur en Suisse ; mais au bout de deux ans, son oncle obtint pour lui la survivance de sa place. Ayant à combattre des rivaux adroits et puissants, et même un crédit plus dangereux que celui des courtisans ou des ministres ; joignant à son département celui de Paris ; entraîné par ce courant immense d’affaires toujours renaissantes qu’il faut décider avec promptitude, dans lesquelles on est sans cesse obligé de juger à qui il faut se résoudre à déplaire pour ne