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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/278

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ÉLOGE DE M. DE PAULMY.


ministre, le motif qui avait dicté les dispositions des ordonnances avec l’effet qu’elles avaient produit. Cinq années furent employées à rassembler les observations que pouvait offrir une inspection si étendue, et à les mettre en ordre ; c’était par un tel travail que M. de Paulmy cherchait à se rendre digne du ministère, lorsqu’il y parvint malgré lui.

Une querelle de cour fit exiler le même jour, au milieu d’une guerre de terre et de mer, les ministres de la guerre et de la marine, ministres désunis entre eux, mais rivaux de zèle et de réputation, qui peut-être n’avaient pas su se concilier l’amour du peuple, mais qui avaient obtenu la confiance de la nation ; contre qui la voix libre des citoyens avait élevé quelques reproches, mais dont l’Europe respectait l’expérience, les lumières, la vigilance et l’activité. M. de Paulmy, en succédant à son oncle, vit bien que le moment où il entrait dans le ministère était celui où il lui fallait renoncer à l’espérance d’y remplir une place. Il accepta par soumission, pour ne point manquer à la chose publique, ce que la difficulté de faire un autre choix à l’instant même obligeait de lui offrir. Il remplit pendant quelques mois des fonctions toujours prêtes à lui échapper, et quitta sans regret une place dont il n’avait pu connaître par lui-même que les embarras et la contrainte. Sorti de la carrière politique, après en avoir atteint un moment le but, jeune encore, et trop peu désabusé malgré une disgrâce, il voulut y rentrer ; il choisit celle des ambassades, et fut envoyé en Pologne.