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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/280

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ÉLOGE DE M. DE PAULMY.


nation polonaise, qui se crut un instant libre, parce que celui qu’on lui ordonnait de choisir pour roi était un noble polonais. Obligé de quitter la Pologne, pour ne point paraître approuver par son silence des démarches qu’il ne pouvait arrêter, M. de Pauhny revint en France et obtint l’ambassade de Venise. Les grandes obligations que cette république avait eues à son bisaïeul chargé des mêmes fonctions, les marques de sa reconnaissance qu’il portait dans son écusson et dans ses titres, lui avaient fait désirer une place qui n’avait plus la même importance ; car cette république, après avoir excité la jalousie des plus grands rois, et bravé seule, plus d’une fois, les efforts de l’empire ottoman, a vu depuis longtemps disparaître ses richesses et sa puissance ; inévitable destinée de tous les États à qui l’infériorité des autres nations dans l’industrie, dans le commerce, dans la science du gouvernement, a donné une supériorité toujours passagère, dès qu’elle ne tient pas à la réunion d’une grande population, et d’un territoire étendu et fertile.

Cette ambassade termina la carrière politique de M. de Paulmy ; il sentit, trop tard peut-être, qu’on ne lui confierait pas des places où il pût avoir des succès, et il prit le parti de la retraite.

Dans sa jeunesse, il avait cultivé les genres les plus frivoles de la littérature ; ce qui n’est pas une preuve de frivolité d’esprit dans ceux qui sont livrés à des travaux importants et pénibles. Les jeux que préfèrent les hommes absorbés dans des méditations profondes, ne sont pas ceux qui, par l’application