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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/283

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ÉLOGE DE M. DE PAULMY.


de la réalité ; mais l’étude des romans considérés comme renfermant la peinture des mœurs qu’ils cherchent à corriger, ou des opinions qu’ils sont obligés de suivre, n’est pas une occupation indigne d’un philosophe.

Tel fut le fruit des loisirs de M. le marquis de Paulmy. Sa vie passée au milieu de sa famille était douce et paisible ; une probité exacte, une conduite noble et désintéressée dans ses affaires particulières, le faisaient respecter de ceux qui avaient avec lui des relations intimes. En devenant homme privé, il avait gardé toute sa maison, ne voulant pas que son changement d’état, qui n’avait point été un malheur pour lui, en fût un pour ceux qui s’étaient attachés à sa fortune ; et il fit sans regret le sacrifice de quelques superfluités auquel cet acte de bienfaisance le condamnait.

Une pareille conduite, au moment d’une disgrâce, annonce une âme que les malheurs de l’ambition n’ont point aigrie, et n’occupent pas même assez pour altérer sa bonté naturelle ; elle prouve que l’usage de l’autorité ne l’avait point corrompue. Heureux le ministre disgracié qui peut trouver ainsi, dans les soins d’une bienfaisance particulière, une distraction consolante, et qui, en s’entourant de cœurs contents de lui, sait adoucir des privations de vanité, qu’il n’est peut-être pas donné à la faiblesse humaine de supporter avec une entière indifférence !

Associé aux trois académies de la capitale, M. de Paulmy, né avec le goût des lettres, l’ayant toujours