et qui étaient d’un avis opposé, en ne parlant cependant
que île ce qu’ils avaient vu.
M. de Lassone décida cette question ; il expliqua pourquoi la substance pulpeuse avait échappé à Ruisch, et pourquoi cette même substance avait présenté à Malpighi l’apparence illusoire de véritables membranes.
Il se proposait de suivre ce travail ; il osait même espérer de deviner l’usage de la rate, qui est encore inconnu, quoique ce viscère, sans être rigoureusement nécessaire à la conservation instantanée de la vie, paraisse l’être à sa durée.
Mais un événement extraordinaire mit un terme aux travaux anatomiques de M. de Lassone. En choisissant parmi quelques cadavres un sujet propre à ses dissections, il croit n’apercevoir sur l’un d’eux que des signes de mort trop incertains, et il cherche à ranimer une vie qui peut-être n’est pas encore éteinte. Longtemps ses efforts sont vains ; mais la première impression l’emporte sur cette longue inutilité ; enfin, il aperçoit des mouvements qui ne sont plus équivoques. Cette mort apparente n’était qu’une crise salutaire. M. de Lassone guérit le malade ; il était pauvre ; M. de Lassone le nourrit, le console. Il craint que cette nouvelle vie ne soit pour cet infortuné qu’un présent funeste : il croit moins avoir rendu un service à l’humanité, qu’avoir contracté une dette envers elle, et il regarde comme un devoir de se charger du bonheur de celui qui doit à ses soins la funeste possibilité de pouvoir encore être malheureux. L’idée d’avoir été exposé à commettre