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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/310

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ÉLOGE DE M. DE LASSONE.


frent une suite précieuse d’observations nouvelles, utiles, soit au progrès île la science, soit à celui de l’art de composer les remèdes : partout on voit la sagacité de l’observateur, une sage critique, un esprit toujours juste, toujours méthodique.

La médecine lui doit de nouvelles préparations de mercure et d’antimoine. Les combinaisons de ce demi-métal avec les acides lui ont offert des sels inconnus aux chimistes, et lorsque l’analyse des airs a enrichi la chimie d’une branche si féconde, et répandu sur la science entière une lumière inattendue, il n’a pas craint d’entrer dans la carrière, et on lui doit l’observation curieuse de la propriété qu’a l’air nitreux d’ôter à l’air inflammable mêlé à l’air vital, la propriété de détoner. C’est aussi M. de Lassone qui, dans un travail commun entre lui et M. Cornette, le compagnon fidèle de ses travaux, observa le phénomène singulier de l’inflammation du phosphore par l’affusion de l’eau froide, phénomène qui serait pris encore dans les neuf dixièmes du globe pour un véritable miracle.

Une révolution dans une science est presque ton jours un malheur pour ceux qui la cultivent, lorsqu’ils ont perdu l’ardeur et la flexibilité de la jeunesse. Il leur est difficile de suivre le progrès des idées nouvelles, alors d’autant plus rapide que chaque fait, chaque expérience est en quelque sorte une découverte, et il serait dangereux pour leur gloire de s’obstiner à suivre les idées anciennes. Il faut peut-être autant de simplicité dans le caractère que de justesse d’esprit pour savoir échapper en même