temps à ces deux inconvénients ; M. de Lassone en
fut préservé. Naturellement éloigné des théories
hypothétiques, se bornant presque toujours à des
expériences, il ne vit dans cette révolution que des
faits de plus à observer ; il n’y eut guère de changé
pour lui que les mots : il crut pouvoir se dispenser
d’adopter ce changement, puisque l’ancienne langue
était encore généralement entendue, et il continua
paisiblement ses travaux.
M. de Lassone, quoique le nombre de ses ouvrages eût pu faire croire qu’il s’était exclusivement livré aux sciences, n’avait pas négligé la pratique de la médecine. Après l’avoir exercée longtemps dans les hôpitaux et dans les cloîtres, il fut appelé à la cour, et, parcourant ainsi la chaîne sociale tout entière, il put observer ce que les institutions humaines ajoutent aux maux de la nature, et voir comment, en modifiant les passions et les habitudes, elles changent le tempérament des malades et le caractère des maladies. Il vit que l’excès de la richesse et celui de la pauvreté, le désir immodéré des honneurs ou du pouvoir, irrité par le succès même, et le ressentiment de l’oppression ou de l’injure que la crainte force à dissimuler, le vide que les jouissances inquiètes de la vanité laissent dans une âme qui ne connaît plus qu’elles, et l’abattement d’une longue humiliation, sont également funestes à la santé comme ils le sont au bonheur ; et que ce n’est ni près du trône ni dans les réduits de la misère, qu’on peut espérer de trouver des tempéraments sains et robustes, des âmes fortes et paisi-