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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/313

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ÉLOGE DE M. DE LASSONE.


mêmes amis. Son crédit restait toujours le même, parce qu’il n’aspirait qu’à faire en silence un peu de bien, et ne voulait de crédit que celui qui accompagne toujours une probité reconnue.

Il est si naturel à l’homme de chercher à conserver les prérogatives de sa place, qu’on est parvenu à en faire un honneur, et presque un devoir. Ce n’est point pour soi-même qu’on les réclame, c’est pour ne pas laisser diminuer entre ses mains le dépôt qui leur a été confié. Ce langage est reçu ; il inspire une sorte de respect ; souvent il a fait pardonner l’orgueil et même l’avidité. M. de Lassone était supérieur à ces préjugés : à peine a-t-il la survivance de la place du premier médecin, qu’il s’occupe des moyens de détruire ce qu’on appelait les droits de cette place, ce qu’il en regardait, comme les abus ; mais il veut que cet abandon soit utile, et il imagine de confier à une académie de médecine l’examen des remèdes nouveaux et la police des eaux minérales du royaume.

Un droit levé sur la vente de ces eaux, vente que pour la sûreté du public on astreint à des formalités, faisait partie du traitement du premier médecin, et il doit être à l’avenir le patrimoine de la nouvelle société. Ainsi, cette portion importante des remèdes vraiment utiles sera soumise à une inspection plus sûre, et on trouvera sans doute des moyens de concilier les droits de la liberté et de la propriété avec une vigilance nécessaire. Les remèdes secrets, souvent si dangereux, ne tromperont plus sous la foi d’une permission trop facilement accordée, et