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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/315

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ÉLOGE DE M. DE LASSONE.


toute sa vie de ce bonheur. L’amitié de Fontenelle avait honoré de ses conseils ses premiers pas dans le monde et dans la carrière des sciences. Winslow avait voulu être son instituteur dans l’anatomie, et en reprendre pour lui les fonctions. D’Alembert et Buffon furent ses contemporains, ses confrères et ses amis. L’abbé Arnaud, son compatriote, conserva pour lui, jusqu’à la mort, la tendre affection que leur enfance avait vue naître, et cette union, fondée sur le sentiment et sur l’estime, ne fut point refroidie par l’opposition de leurs goûts, de leurs caractères, de leurs occupations.

Plus âgé, sa douceur, son zèle éclairé pour le progrès des lumières, lui méritèrent des amis parmi les jeunes savants, dont il encourageait les travaux, dont la gloire était devenue une de ses plus vives jouissances. La tendresse de ces enfants adoptifs égalait celle des enfants que la nature lui avait donnés, et ne la surpassait pas.

Le bonheur d’être aimé de tous ceux dont le sort l’avait entouré, fut la juste récompense de la sensibilité douce, de l’égalité d’humeur, de l’oubli de soi-même, de ce désir de rendre les autres heureux par des attentions de chaque instant, comme par de grands services, enfin, de cette amabilité constante, qui formaient le fond de son caractère.

Dans sa jeunesse, un de ses ouvrages composé pour le prix de l’Académie de chirurgie, ne l’obtint pas, et M. de Lassone ne put ignorer que sa qualité de médecin, et de médecin voulant s’occuper de chirurgie, avait rendu ses juges plus sévères et moins