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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/316

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ÉLOGE DE M. DE LASSONE.


équitables que dans un premier concours où il n’était pas connu. Ce dégoût l’avait déterminé à ne pas refuser l’offre qu’on lui faisait d’une chaire dans l’université de Padoue ; et l’honneur d’être le collègue de Morgagni, alors dans tout l’éclat de sa gloire, pouvait flatter un jeune anatomiste ; mais cette résolution affligeait trop un oncle qui lui servait de tuteur et de père, et elle ne tint pas contre les larmes de l’amitié. Celui qui, dans sa jeunesse, lui avait sacrifié son amour-propre, méritait qu’elle ne cessât d’embellir sa vie, et qu’elle consolât ses derniers jours.

Quoique éloigné de sa patrie dès son enfance, M. de Lassone ne l’oublia point et n’en fut pas oublié. Au moment où la France prit, en 1768, une possession momentanée du Comtat Venaissin, les états du pays chargèrent M. de Lassone de présenter au roi les cahiers où ils demandaient la conservation de leurs franchises, faibles restes de leurs droits naturels, qu’un souverain éloigné avait été obligé de respecter.

Ses aïeux avaient répandu des bienfaits sur l’hôpital de Carpentras ; il voulut les imiter, mais en homme éclairé : il donna des lits de fer, dont il serait à désirer que l’usage exclusif s’introduisît dans les hôpitaux ; et au bienfait en lui-même, il ajouta celui de l’exemple, peut-être plus utile encore.

Depuis longtemps l’usage destinait le fils d’un premier médecin à posséder une de ces charges qui donnaient un droit presque exclusif de remplir les places de l’administration, et à fonder une nouvelle